Collection: Karczmar Simon

 

Biographie de l'artiste

Simon (Szmaja) Karczmar, mon père, est né à Varsovie, en Pologne, le 1er novembre 1903. À cinq ans, ses parents l’emmènent passer des vacances chez son grand-père, à Juvenishki, un shtetl près de Vilnius. Là, il découvre les hatas (petites maisons de bois), le porteur d’eau, Tevie le marchand de lait ainsi que les chevaux qu’il aime monter sans selle et surtout déjà dessiner.
Plus tard, il étudie à l’École des Beaux-Arts de Varsovie. Il peint la nature et des portraits. Pour payer ses études, il va régulièrement en Russie acheter des fourrures pour un cousin pelletier et développe une grande expérience d’assortisseur.
En 1929, il part à Paris pour continuer sa pratique en peinture. Il y rencontre une jeune Polonaise, Nadia (Nechuma) aux cours du soir de français, et l'épouse en 1931. Pour nourrir la famille, Simon travaille comme assortisseur en fourrure. Bientôt, Nadia ouvre un magasin de parfumerie aux Lilas, dans la banlieue parisienne.


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Lorsque la deuxième guerre mondiale éclate et que la situation devient insupportable pour les Juifs à Paris, la famille se réfugie en 1942 à Nice, qui est encore pour quelque temps une zone non occupée par les Allemands. Lorsque la situation empire, son enfant est caché avec des cousins à la campagne, tandis qu’ils se réfugient avec d'autres membres de la famille dans un village en montagne. Ils sont dénoncés, et son beau-père est assassiné par un milicien français collaborateur des Allemands. Nadia est déportée à Auschwitz. Simon rejoint la résistance dans le maquis.
En 1945, à la fin de la guerre, Nadia revient de déportation et retrouve son magasin des Lilas. En 1951, la famille décide d’émigrer en Israël où Simon s’associe avec son beau-frère dans une petite fabrique de métallurgie. Les affaires vont bientôt très mal et il doit tout liquider. À l’invitation d’un ami, la famille se rend en 1955 à Montréal, au Canada, où Simon peut pratiquer l’assortiment de fourrure.
En 1959, il est atteint d’une allergie qui affecte ses yeux et doit interrompre son travail. Le voyant déprimé, Nadia lui achète trois toiles, des pinceaux et des tubes de couleur et lui rappelle que lorsqu’elle l’a connu, il était peintre. À ce moment, Simon lisait des œuvres de Cholem Aleikhem et tout spontanément, il se met à peindre ses souvenirs du Shtetl d’une manière naïve, retrouvant son regard d’enfant.
Encouragé par l’accueil fait à ses nouvelles œuvres, il peint jusqu’à réunir suffisamment de tableaux pour organiser une exposition au WMHA de Montréal. Puis, avec Nadia, il accompagne son fils en 1960 à Mexico où celui-ci organise alors le Musée Mexicain du Film sur l’Art. Il fait une deuxième exposition au Centro Deportivo puis est invité à exposer dans deux autres galeries mexicaines.
Simon peint et Nadia organise des expositions durant dix ans à travers les États-Unis et le Canada. En 1962, ils retournent en Israël où Simon prend un studio à Safed et devient membre de la colonie d’artistes. Longtemps, ils alternent entre Safed l’été et New-York l’hiver. Ayant ainsi réalisé son rêve d’être peintre durant les 22 dernières années de sa vie, Simon décède en 1982, à 79 ans. Il repose au cimetière de Safed, où Nadia sera aussi enterrée en 2009.

Simon Karczmar aura conté inlassablement la vie quotidienne du Shtetl : amoureux, mariages, naissances, fêtes, musiciens, danseurs, marchés, prières à la lune et personnages divers, tout cet univers qu’il a dessiné et peint avec amour. Puis il trouvera une nouvelle source d'inspiration à Safed, son deuxième shtetl.

Les œuvres de Simon Karczmar reflètent une profonde nostalgie pour la vie du Shtetl, un monde disparu qu'il a immortalisé à travers ses peintures, et qu'il a ensuite revisité à travers la communauté artistique de Safed.