Collection: Schwarz-Abrys Léon

 

Biographie de Léon Schwarz-Abrys

Léon Schwarz-Abrys, de son vrai nom Abraham Schwarz-Abrys, est un artiste peintre autodidacte et écrivain, né le 5 avril 1905 à Sátoraljaújhely en Hongrie et décédé à Paris 12e le 6 août 1990. Il arrive à Paris en 1930, vit successivement au 11, rue Nicolet à Montmartre et impasse Deschamps à Ménilmontant. Il signait ses tableaux S.Abrys ou SAbrys.
Issu de l'extrême pauvreté, où son père est ouvrier agricole et sa mère élève ses douze enfants (dont trois mourront de faim et deux se suicideront), Léon Schwarz-Abrys ne va pas à l'école. Interné dans une maison de correction puis dans un hôpital psychiatrique, il y apprend les rudiments de l'écriture et du dessin.
Arrivé en France en 1930, il exerce divers métiers tout en peignant : ouvrier dans une aciérie, dans une usine de caoutchouc, plongeur dans une brasserie, peintre en bâtiment et décorateur. Il épouse Irène Setruk le 2 décembre 1937. En 1939, le Salon des Indépendants est sa première exposition, avec des tableaux remarqués pour leur utilisation d'allumettes et de clous, lui valant le titre de « peintre cloutiste ».


Lire plus

Engagé volontaire durant la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier puis libéré par erreur. Le 30 mars 1943, alors que la déportation et l'extermination des juifs d'Europe sont en cours, Léon Schwarz-Abrys trouve refuge au Centre hospitalier Sainte-Anne, où il séjourne jusqu'au 21 août 1944. C'est là qu'il peint ses portraits d'êtres asilaires et désespérés, à l'instar de Jean-Michel Atlan.
En 1950, en même temps qu'il expose à la Première exposition d'art psychopathologique à l'hôpital Sainte-Anne, Schwarz-Abrys publie son premier roman, *L'âne ne monte pas au cerisier*, fortement autobiographique. Ses œuvres sont comparées à celles de Louis-Ferdinand Céline, Henry Miller et Antonin Artaud, suscitant des interrogations sur les raisons de son enfermement à Sainte-Anne : s'était-il seulement caché des nazis ou était-il réellement fou ?
En janvier 1953, Schwarz-Abrys est cité dans Paris Match pour avoir comparu en justice après avoir frappé Madame Paul Pétridès, épouse du marchand de tableaux. Cette période voit la folie comme un thème majeur de la scène artistique et intellectuelle, avec des comparaisons à Van Gogh et Artaud. Schwarz-Abrys devient célèbre pour ses œuvres explorant la folie.
En mai-juin 1953, l'hebdomadaire *Samedi Soir* organise une exposition intitulée *Schwarz-Abrys - vingt toiles sur la folie*, promettant de sensationnelles œuvres hallucinantes. En 1955, il peint des paysages de Saint-Affrique et des Épaves de bateaux après une visite en Bretagne. Il se tourne ensuite vers des thèmes tels que les chevaux.
En 1959, il expose à la Galerie Lhomond *Un certain peuple du Panthéon*, une série de portraits de personnages étranges vus à Paris. En 1960, il présente des paysages de Corse, et en 1964, des toiles inspirées par un voyage en Irlande. À partir de 1970, sa vie de solitude ne donne plus lieu à des expositions.
Ses dernières apparitions publiques sont en 1988 pour dédicacer un livre monographique publié par son épouse Irène et quelques mécènes. Léon Schwarz-Abrys meurt en 1990. Bien qu'il ait été considéré comme un peintre oublié, son nom reste associé à l'École de Paris, évoquant aujourd'hui davantage le peintre de Ménilmontant que le peintre des « fous ». La question de sa folie persiste : « En moi-même, j'admets une certaine fêlure, d'un genre inconnu des psychiatres, quoique, pour faciliter leur tâche, j'en simule une autre, connue d'eux. Raisonnant, "raisonné", j'éviterai le contact des docteurs-techniciens, choquant, perçant la chair et l'os de victimes réduites à l'impuissance ».